Tham Pha Lom
Tham Pha Lom
La grotte du vent de la montagne
par Bernard Galibert
Tham Pha Lom est située dans la moyenne vallée de la Nam Hin Boun en rive gauche. La cavité s’ouvre au fond du large reculée, 80 m au-dessus des rizières. Au bord de la reculée, dans la forêt, une exsurgence au cône rempli de blocs bien lessivés laisse entrevoir, même en période sèche, l’eau. De ce point, une montée raide et ébouleuse permet d’atteindre le porche caractérisé par un puissant courant d’air qui agite violemment les feuilles et branches des arbres et arbustes alentours.
Coordonnées
N 18° 00 15.5, E 104° 39 49.5
Alt. 235 m
Cartes topographiques au 1/50000 : Ban Nadon 5944-4 , Ban Na Muang 5945-3
Toutes les cartes peuvent être trouvées ici
L’entrée de Tham Pha Lom © B. Galibert - 2009
Historique
Reconnue en février 2009 par D. Ghozlan et C. Ghommidh, guidés par le chef du village de Ban XXX. La cavité est connue depuis toujours par les chasseurs. Il faut dire qu’il est difficile de ne pas la remarquer. En effet, un vent puissant, qui secoue violemment la végétation alentour, en sort en vrombissant. Le premier jour, l’exploration est rapidement arrêtée sur la lèvre d’un puits profond de 30-40 m de diamètre. Le lendemain, B. Galibert, C. Ghommidh et D. Pioch s’attaquent au puits, qui s’avère être colmaté définitivement à -85, au niveau de la plaine karstique. Le courant d’air est perdu, mais une visée topo ponctuelle au travers du puits annonce 110 m, indiquant la présence en face d’une galerie invisible à la lueur de leurs lampes acétylène. Trop tard pour entreprendre une traversée. En 2010, retour sur la cavité. Le puits est traversé et le courant d’air retrouvé.
Plusieurs kilomètres de galeries seront explorées pendant K10 et K11.
Topographie
Description
La cavité s’ouvre 80 m au-dessus des rizières au sud de la rivière Nam Hin Boun. Au bord de la reculée, dans la forêt, une exsurgence au cône rempli de blocs bien lessivés laisse entrevoir l’eau, même en saison sèche. De ce point, une montée raide et ébouleuse permet d’atteindre le vaste porche caractérisé par un puissant courant d’air qui agite violemment les feuilles et branches des arbres alentours.
La galerie, fortement déclive et encombrée de blocs, mène dans une vaste galerie encore bien éclairée par la lumière du jour. Quelques traces de guano sont visibles dès la fin de l ‘éboulis. 50 m horizontaux nous conduisent à la margelle d’un vaste puits de plus de 50 m de section. Ce puits, subvertical sur sa première moitié devient vertical ensuite. Profond de 70 m, nous retrouvons le niveau de base du réseau malheureusement colmaté par des sables et argiles. L’altitude de ce colmatage correspond au niveau de l’exsurgence précédemment mentionnée.
Le courant d’air bien sensible au niveau de la galerie, malgré sa grande section, n’est plus détectable dans le puits. Une escalade aérienne qui emprunte un système de vires par la rive droite du puits nous permet d’atteindre la suite de la galerie.
Au niveau d’une fracture orientée sud/nord, on recoupe une circulation d’eau temporaire ainsi qu’une zone d’effondrement et d’absorption caractérisée par la présence de 3 puits/méandre.
Au-delà, la galerie change d’aspect et d’orientation et perd toutes traces de concrétionnement. Légèrement ascendante sur une distance de 100 m au sol terreux, une brusque rupture de pente oblige à mettre un équipement fixe en place. De cet endroit une galerie sous-jacente permet de rejoindre la série de puits de la fracture précédente.
La galerie reprend, avec une section légèrement plus grande et le sol se recouvre à nouveau de calcite, bien dure cette fois. 200 m de plus sont parcourus toujours orientés nord-ouest avant de buter sur un seuil rocheux au niveau de la jonction avec une nouvelle galerie présentant une section bien plus imposante : 40 à 50 m de large pour 20 à 25 m de haut. Ce carrefour deviendra « la salle à manger ».
Vers l’aval, la galerie plonge au nord-est avec une pente bien marquée. Le sol encombré de gros blocs laisse rapidement place à du sable qui devient argileux au fur et à mesure de la descente. A – 80, on arrive au terme de la descente sur colmatage argileux. A nouveau, nous sommes à l’altitude de l’exsurgence et du niveau de base. Au cours de la descente, une galerie s’ouvre sur la gauche (nord-ouest) de section légèrement plus petite. Parallèle à la précédente, elle aussi se termine sur remplissage à la même altitude. Si nous remontons cette nouvelle galerie, nous rejoignons la « grande » galerie au niveau du carrefour. Nous poursuivons l’exploration de la « grande » galerie vers l’amont (sud-ouest). La pente déjà bien marquée, se redresse encore. Quelques départs sont repérés sur son côté sud-est mais pas explorés. Au niveau d’une barrière d’une quinzaine de mètres de haut qui s’escalade par la gauche, deux départs sont explorés. Nous allons y revenir dans un instant.
Au-delà de cette barrière, une centaine de mètres de galerie fortement déclive au sol sablonneux vient buter sur une zone assez fracturée où la seule continuation possible est une escalade. Suite à cette escalade un ensemble de petites galeries ont été explorées sans donner la suite espérée à ce réseau.
De retour au pied de la barrière, la première galerie « de la chauve souris » donne sur un petit réseau et plusieurs escalades non effectuées qui pourraient rejoindre les galeries découvertes après l’escalade au niveau du terminus.
Un deuxième départ en méandre, assez étroit au regard du reste de la cavité permet de rejoindre une vaste galerie descendante présentant une section de 15 m. Un puits de 20 m vient interrompre la progression. Passé cet obstacle nous pénétrons dans la galerie des « uropyges ». Orientée plein sud, la galerie après un point bas s’oriente progressivement à l’ouest tout en reprenant de l’altitude. Nous passons de +43 à +150 dans une succession de blocs et de terre. A son point haut, un carrefour nous permet d’atteindre la salle « cylindrique ».
Cette vaste salle cylindrique se termine sur une escalade d’une quinzaine de mètres où l’on aperçoit le départ d’une galerie suspendue. La suite du réseau se trouve sur le côté nord-ouest, derrière de gros blocs. La galerie sub-horizontale, légèrement ventilée et encombrée de blocs, bute après 200 m plein ouest sur une fracture. De part et d’autre une descente verticale est nécessaire. Nous choisissons celle au nord, plus facile à équiper avec le matériel qui nous reste... Descente de 8 m dans une galerie orientée au nord qui se concrétionne au fur et à mesure de notre progression. 150 m plus loin une petite salle entièrement colmatée par la calcite marque la fin de la galerie. Pas de courant d’air sensible.
De retour, sur la droite, peu avant le puits de 8 m, une galerie s’ouvre, parallèle à la précédente, et se termine 50 m plus loin sur un puits non-descendu estimé à une quinzaine de mètres. A ce niveau nous ne sommes pas loin du deuxième puits non-descendu précédemment.