Retour à la grotte Marie Cassan - 1953
Retour à la grotte Marie Cassan - 1953
Petite Histoire de la spéléologie laotienne
En mars 1953, au coeur de la saison sèche, les Cassan reviennent à Ban Thathot, dans l’espoir de trouver le siphon amont de la grotte “Marie Cassan” désamorcé. Espoir déçu, car malgré l’étiage, la voûte plonge toujours dans la large vasque terminale. Mais il reste beaucoup à faire ; une escalade donne accès à un réseau fossile dans lequel Henri repère des fourmis et un scorpion dépigmentés ; Quelques kilomètres plus à l’ouest, l’équipe explore Tham Deua, une perte qui doit alimenter la rivière de “Marie Cassan”.
La grande salle très concrétionnée donne aussi accès à un réseau de galeries annexes. La rivière souterraine résurge dans une vaste doline qu’elle traverse avant de se perdre à nouveau sous un large porche. Faute de temps, Cassan ne pourra pas poursuivre plus avant ses explorations.
La carte au 1:100000, annotée par Henri Cassan. Les deux flèches rouges
indiquent les entrées de Tham Deua et de “Marie Cassan”
Un an plus tard, la défaite de Dien Bien Phu sonne le glas des ambitions coloniales françaises et la fin des expéditions spéléologiques au Laos. Henri et Marie ne retourneront jamais en Indochine, mais ils continueront à en rêver et à en parler.
Leur histoire ne s’arrête pas là.
Deux heures de marche sur un sentier très varié s’infiltrant par une série de cols dans une jungle encaissée entre des murailles rocheuses nous menèrent à pied d’oeuvre. Le camp fut dressé dans un bois clairsemé le long de la rivière, à quelques centaines de mètres seulement de la grotte où elle se jetait.
Le lendemain matin, dès la première heure, les bateaux gonflés sont mis à l’eau et halés jusqu’à la perte dans une eau peu profonde, envahie de plantes aquatiques. Ici, la rivière s’est frayée un passage sous un banc de roche horizontal formant linteau, ce qui explique la section sensiblement rectangulaire du tunnel. Un bruit de chute d’eau nous parvient imperceptiblement. Nous naviguons dans un tunnel parfait, que l’on croirait percé de main d’homme.
La rivière se coude et, soudainement, l’obscurité se trouble d’un rais de jour. La grande traversée souterraine à laquelle nous nous préparions s’achève déjà ! Une grande salle cependant se développe à nos yeux que, dans notre désappointement, nous observons sans indulgence.
Et pourtant d’énormes richesses naturelles sont accumulées ici et l’inventaire de cette “salle des merveilles” et de ses prolongements dépassera de loin tous nos espoirs.
Cassan H., 1953. A la conquête des dernières terres vierges d’Indochine. Indochine-Sud Est Asiatique, 20, p.23-27.
1953 - Retour à “Marie Cassan”