Henri Cassan et la grotte Marie Cassan - 1948

Petite Histoire de la spéléologie laotienne

 

En poste au Vietnam, le jeune capitaine Henri Cassan était un spéléologue chevronné. Il possédait alors à son actif nombre d'expéditions en France et en Afrique du Nord. Dès 1941, il avait pratiqué des explorations dans le Couserans, le Cagire, en compagnie de Jean Noir, en Ariège, dans les Pyrénées avec le gouffre Martel‑Cigalère, et aussi dans le Vercors. Il avait rencontré Norbert Casteret à Saint Girons, puis il avait pratiqué des explorations en Algérie dans le Djurdjura, en 1942, sur le plateau karstique de l'Haizer. En 1943, il avait remonté le cours souterrain de la Tafna, près de Sebdou en Oranie.

Avec Cassan, la spéléologie laotienne va changer d‘époque. En 1948, la technique a évolué. Les canots pneumatiques remplacent les radeaux en bambou de Macey ; échelles souples et mat d’escalade permettent d’atteindre les galeries perchées ; les cavités sont topographiées et photographiées...

A vingt-huit ans, Henri Cassan a deux passions : la spéléologie et sa jeune fiancée vietnamienne, Marie, qu’il ne tarde pas à épouser. Henri entraine Marie à l’aventure dans un voyage de noces peu conventionnel.

Henri s’intéresse à la source de la Nam Nhom, une grosse émergence située à Ban Thathot, petit village à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Thakhek. Il met à profit une permission pour organiser un raid d’une quinzaine de jours au départ de Hué, sa base au Vietnam.


















L’émergence s’avère donner accès à une magnifique rivière souterraine, que le petit groupe d’explorateurs - Marie et Henri Cassan, Gilbert Sacco et Vo Van Han - explore et topographie sur 3 kilomètres. La grotte est baptisée “Marie Cassan” en honneur de la jeune épousée, et une plaque commémorative portant les noms des intrépides aventuriers est scellée le lundi 13 décembre 1948 sur le bord du siphon terminal.

La Nam Hin Boun et la Xé Bang Fai souterraines tombées dans l’oubli, la plus longue cavité d’Indochine est alors la rivière souterraine de Phong Nha au Vietnam, connue sur 1.4 km. ”Marie Cassan” est deux fois plus longue ! (Phong Nha développe aujourd’hui 8.8 km, et fait partie d’un complexe de 71 km (2011), formé de 32 cavités).

Cassan publie le récit de ses aventures, illustré des premières photos du Laos souterrain. En 1952, le Prix Martel récompense ces explorations exotiques.



Marie Cassan, en équipe avec Vo Van Hanh



La plaque commémorative de l’exploration de 1948. Préparée à l’avance,

elle est révélatrice du naturel optimisme d’Henri Cassan



Pour fêter le succès de l’exploration de “Marie Cassan“, champagne !

Henri Cassan est à gauche, au coté de Marie

 

J'avais justement décidé d'apporter ma contribution à l'étude des cavernes du Causse de Maha-Xai qu'avait entreprise, à partir de Thakhek, le médecin-capitaine Rachou, en compagnie de l'ingénieur Roz. Mais alors que cette équipe ne s'était attaquée, faute de moyens appropriés, qu'à des cavernes fossiles - ou sèches - il entrait dans mes projets d'étendre mes investigations aux cours d'eau souterrains, et plus particulièrement à la résurgence du Nam Nhom que la carte au 1/100.000 m'avait révélée comme devant être des plus importantes.

Cette résurgence offrait en outre des conditions d'accessibilité remarquables. Située à une heure de marche facile de la route de Thakhek à Nape, à partir de Nhommarat, - petite agglomération qui disposait des ressources en mulets de portage d'un poste de chasseurs laotiens - j'avais pu acheminer sans difficulté, à travers une rizière desséchée, près d'une tonne de matériel à pied d'oeuvre ou presque, au village laotien de Ban Thathot. L'équipe réunie à cette occasion comprenait, outre ma femme et moi-même, le sergent Sacco, les sapeurs Papet et Vo-Van-Hanh. Elle devait être ramenée à quatre en cours d'exploration afin de la soumettre à la capacité d'accueil de nos deux bateaux pneumatiques, lesquels, pour éviter au maximum l'encombrement, remorqueraient le matériel sur des chambres à air d'automobile, à planchers adaptables. Cette précaution d'où devait naître une plus grande aisance de mouvements allait recevoir sa pleine justification par la suite.


Extrait de Cassan H., 1950. Un spéléologue en Indochine. Sciences et Voyages

 Autour de Thakhek - Christian Rachou  1905Thakhek.htmlThakhek.htmlshapeimage_5_link_0

Le porche de la résurgence de “Marie Cassan”, aujourd’hui noyé par la construction d’un barrage d’irrigation en aval

“Marie Cassan”  1953  Marie_Cassan_1953.htmlMarie_Cassan_1953.htmlshapeimage_6_link_0

Henri Cassan, colonel du Génie

1948 - Henri Cassan et Marie Cassan