Khammouane 2010

du 31 janvier au 13 février

 

Andrea Benassi

Olivier Bonnet

Lubin Chantrelle

Jean Charbonnel

Kattia Legrand

Bernard Galibert

Charles Ghommidh

Dominique Ghozlan

Fabio Giacomello

Freddy Montigny

Jean-Michel Ostermann

Fabio Piccin

Daniel Pioch

Giovanni Polletti

Eric Suzonni

Sylvaine Van Tilbeurgh

Nicolas Weydert

Cette expédition internationale, préparée en concertation avec l'équipe "Plongée", avait deux objectifs :

- exploration de la rive gauche de la Nam Hin Boun, en aval de la grotte de Konglor (semaine 1) et

  1. -poursuite de l'étude de la zone de Ban Vang Yiam, dont l'exploration avait été initiée dès 1998 par les membres italiens de l'équipe (semaine 2).

En début d'expédition, le groupe des Spitteurs Pan, conduit par Eric Suzzoni, qui n'avait pu obtenir l'autorisation administrative d'exploration dans la région de Van Vieng au Nord Laos, est venu renforcer l'équipe pendant quelques jours.



L’équipe K10, sur les berges de la Nam Hin Boun, à l’auberge Sala Lao


Contexte


Après le schisme de 2009, afin d’éviter tout conflit et préserver la possibilité de futures coopérations, nous avons soigneusement défini nos objectifs de manière à ne pas interférer avec les explorations menées ailleurs par Claude Mouret (CM) et Jean-François Vacquié. Notre préoccupation était de respecter soigneusement  le code de déontologie des expéditions parrainées par la CREI.


Sur la rive gauche de la Nam Hin Boun, les explorations connues étaient celles de CM et François Brouquisse (FB) en 1998, qui avaient révélé quelques cavités mineures (par leur extension), non loin de l’émergence de la Nam Hin Boun souterraine, et celles de FB et de Marc Faverjon entre 2002 et 2004. A l’exception de Tham Lom (grotte du vent) déjà explorée partiellement par FB en 2003, tous les objectifs d’exploration se sont situés largement en aval des secteurs déjà explorés. Ils ont été définis à partir de la reconnaissance réalisée par C & J Ghommidh lors d’une prospection en pirogue le long de la Nam Hin Boun, pendant une mini expédition improvisée à deux en juillet 2004, et dans la continuation des explorations initiées par les seuls membres de notre équipe en février 2009 (Tham Pha Lom).

Le secteur de Ban Vang Yiam avait déjà fait l’objet d’une reconnaissance rapide (une journée) en février 2008, à l’issue de l’expédition Xé Bang Faï 2008 (voir rapport CREI correspondant). Une émergence, Tham Seua, avait été partiellement explorée et topographiée sur environ 400 m. Tham Pong, courte traversée d’un éperon calcaire, avait également été vue. Nos accompagnateurs laotiens nous avaient surtout indiqué, depuis plusieurs années, que des spéléos italiens avaient mené plusieurs expéditions dans la région. Après une véritable traque sur Internet, un contact fut établi avec l’équipe d’Andrea Benassi et de Giovanni Polletti. Ils nous ont appris qu’ils avaient déjà réalisé quatre expéditions de 1998 à 2006, et parcouru toute la bordure nord du karst, depuis la grotte Marie Cassan jusqu’à la percée de la Nam Bout, en passant par Tham Khamouk et les pertes de la Nam Koang, avant les premières explorations des équipes conduites par CM (2003, 2005, 2008) dans ce secteur. En particulier, ils avaient découvert un vaste réseau, cours souterrain actif et fossile de la Nam Koang, ignoré des habitants du village voisin, et baptisé “Système Sbardella“ en hommage à un membre de leur équipe, Alessandro Sbardella “Sbardi”, premier découvreur, disparu précocement. La décision de mettre sur pied une expédition conjointe pour poursuivre ensemble l’exploration du système Sbardella fut prise immédiatement.


En parallèle, nos partenaires de l’équipe plongée avaient pour objectifs les siphons de Tham Xé Bang Faï (expéditions 2007 - 2008), du système Cassan (émergences de la Nam Phou, siphons de Marie Cassan et de Tham Khamouk, reconnus en plongée en 2006, 2008 et 2009), et de la vallée de la Nam Hin Boun. Il y avait ainsi complémentarité des objectifs et surtout respect absolu des antériorités d’exploration de toutes les équipes spéléos qui interviennent au Khammouane.


Nous ignorions alors, que quelques semaines auparavant, aussitôt nos objectifs exposés auprès de la CREI, CM n’avait pas hésité à mettre sur pied dans l’urgence une expédition pour s’approprier les explorations que nous avions réalisées dans le secteur de la Xé Bang Faï et près de Ban Vang Yiam, en 2007 et 2008. Comment expliquer cette attitude, pour le moins inamicale ? Crainte d’être “piraté” par ses anciens équipiers, suspectés a priori d’être des individus malfaisants ? C’est malheureusement cette motivation paranoïaque qui va faire de CM un “pirate” et guider par la suite tous ses faits et gestes, aboutissant à la publication d’une série d’articles diffamatoires dans Spelunca. Cette absence totale de considération pour ses partenaires et pour les explorateurs antérieurs sera ainsi à l’origine d’un conflit que les instances fédérales ne parviendont pas à régler.


Résumé


Vallée de la Nam Hin Boun 

La rive gauche de la Nam Hin Boun, grosse rivière affluente du Mékong, a été relativement peu explorée. La rive droite abrite Tham Nam Non, une des plus longues cavités du Laos (une trentaine de km depuis la jonction réalisée cette année avec Tham Song Dang par nos collègues plongeurs). Sur la carte interactive ci-dessous, l’ensemble des cavités explorées en 2010 a été localisé.























Nous avons poursuivi l’exploration de Tham Pha Lom, “découverte“ en 2009. Une traversée en “artif“ sur 50 mètres autour du gros puits borgne qui nous avait arrêté l'année dernière a permis de retrouver le courant d'air violent qui souffle à l'entrée. Deux kilomètres de grosses galeries ont été explorés et topographiés, sur 200 m de dénivelé.

En l'absence de guides locaux, de nombreuses cavités, repérées à l'occasion de prospections systématiques et soigneusement localisées, ont été baptisées provisoirement. Les porches et les émergences repérés en août 2004, au cœur de la saison des pluies, ont été presque tous explorés. Les grandes galeries de Tham Momie et de Tham PCF ont été topographiées sur 800 m et 400 m respectivement, avec arrêt provisoire sur puits dans les deux cas.

Une ribambelle de cavités, pour l'instant plus modestes (T. Ulna, T. 22, T. de l'écureuil, T. de la vipère, T. Houay Kennang, T. Cactus…), permet d'apprécier le potentiel de ce massif.

Dans Tham Lom KK9 (F. Brouquisse, 2003), plusieurs escalades ont ajouté 140 m de belles galeries fossiles (dév. total 1.5 km) sans que la fin de la cavité ne soit entrevue. L'équipe a aussi apporté sa contribution à l'exploration de la Nam Non, en participant au portage du matériel de plongée de l'équipe 1 et en découvrant 400 m de nouvelles galeries dans la "narine de droite".


Bordure nord du karst, secteur de Ban Vang Yiam

Sur cette zone, ce sont nos amis italiens qui étaient maîtres d’oeuvre. A proximité du village, la Nam Koang, qui descend du massif argilo-gréseux au nord, se perd en de multiples points à la base d'une falaise calcaire. Ce site est particulièrement intéressant, car pendant la saison des pluies (juin-septembre), un vaste lac, profond d’une dizaine de mètres, se forme pendant plusieurs mois, pour se vider brusquement en quelques jours.

Plusieurs entrées donnent accès à un long réseau actif et à un vaste réseau fossile sus-jacent dont l'ampleur des galeries rappelle celles de Tham Lo, quelques kilomètres plus au sud. L’actif a été prolongé de près de deux kilomètres, dans des conditions éprouvantes en raison de la boue omniprésente, et se dirige vers Tham Seua, émergence temporaire, pénétrée sur 400 m au sud du village de Vang Yiam en 2008. Le réseau fossile a été partiellement topographié sur 4 km. Le développement total du système est d’environ 8 km.



Progression facile vers la bordure du karst, en suivant le cours de la Nam Koang



La perte principale de la Nam Koang



L’entrée de Tham Lom, point d‘accès principal au réseau actif du système Sbardella (Nam Koang souterraine)



Grande salle et sorties en surface dans le grand réseau fossile de la Tham Nam Koang



Urne funéraire (?) dans le réseau fossile, aujourd’hui inconnu, oublié des laotiens...



Une escalade de 200 mètres a permis d'atteindre le grand porche de Tham Houng, bien visible dans la falaise au sud du village de Vang Yiam, qui pourrait donner accès à un autre tronçon du réseau. Arrêt temporaire sur puits après 600 m d'exploration.


   

Le porche de Tham Houng, 200 m au dessus du poljé de Ban Vang Yiam



Foyer et céramique dans Tham Houng. Pas forcément très anciens, mais comment ont-ils grimpé jusque là ?


L'enchaînement des pertes et des résurgences (T. Lom, T. Seua, T. Hek, Kéo Pha Thai, Khoun Nam Kagnung, T. Kagnung…) dessine un système hydrogéologique original qui se développe en direction des émergences de la vallée de la Nam Phou plus à l'est, et constitue ainsi l'extrême amont de la rivière souterraine Marie Cassan (Tham Thathot), explorée en 1948 et 1953 par Henri Cassan.



La perte de Tham Hek. Conduite forcée spectaculaire, elle absorbe les eaux issues de Tham Seua

ainsi que celles collectées dans le poljé de Ban Vang Yiam.



Kéo Pha Thai, aven-regard sur le cours de la rivière souterraine, en aval de Tham Hek



Khoun Nam Kagnung, belle émergence vauclusienne, probable résurgence de la perte de Tham Hek,

mais aussi des eaux perdues dans le karst situé plus au nord



La perte de Tham Kagnung. Le débit de la rivière est semblable à celui des émergences de la Nam Phou, plus à l’est


Globalement, en deux semaines, environ 10 km de nouvelles galeries ont été parcourus et 9700 m de topographie ont été relevés, dans une quinzaine de cavités. La convivialité exceptionnelle qui a prévalu pendant cette expédition, en dépit du nombre élevé de participants, mérite d'être soulignée. Des amitiés nouvelles se sont forgées, l'esprit d'échange et d'ouverture a été total, en particulier avec les villageois de Ban Vang Yiam, qui ont partagé leur espace, leur temps et leurs ressources avec nous. L'excellence de ces relations permet d'envisager des explorations encore plus fructueuses à l'avenir.


  

Soirée guitare, saucisson et pastis et prospection sur cartes chez nos hôtes de Ban Vang Yiam



 

et en association avec l’équipe Plongée

Ioana Axinte

Mihai Baciu

Helen Buduran

Philippe Buiré

Andreea Cohn

Richard Huttler

Véronique Leplat

Tudor Marin

Chantal Messiant

Laurent Mestre

Damien Vignoles

  1. 17 Participants

Clubs participants

SC Montpellier

GS Scientifique et Sportif

GS Montpeyroux

SC Seine

Acheloos

GS Sacile

Speleological Society Saknussem

Spitteurs Pan