8 mars journée de la femme. Nous sommes deux nanas au camp enchantées par cette perspective. Au Laos, la journée de la femme est tout simplement un jour férié.
La seconde semaine d’exploration a été riche en découvertes et pas des moindres. Tout d’abord avec le premier gros objectif à Tham Kagnung.
Une équipe y part en bivouac pour lever les multiples points d’interrogation d’un réseau qui totalise désormais plus de 12 km sous terre. On retourne à l’extrémité du réseau sud et découvrons des empreintes de pas, nombreuses de plusieurs individus dont un bébé. C’est l’euphorie.
Les empreintes se localisent vers un point d’eau tout contre la paroi et le long d’un sentier qui mène vers une zone de perles de caverne. Spéculation, rêve et théorie abracadabrantes se succèdent (ils vont chercher des perles pour leur maman pour la fête des mères ?). On trépigne de joie. Balisage soigneux des zones pour leur protection et photographie de ce témoignage du passé, à 8 km de l’entrée connue.
Une prospection fine ne permet pas de trouver une autre possibilité de passage vers la surface. Une chose est sûre : c’est vieux. A l’étude des empreintes agrandies sur un écran d’ordinateur force est de constater qu’il s’agit probablement d’une famille de primates, le pouce du pied étant caractéristique sur certaines traces. Des empreintes d’ours et traces de griffes semblent aussi se détacher.
Plusieurs galeries bouclant avec les premières sont topographiées, chaque puits exploré. Descendre nous conduit systématiquement sur un arrêt sur boue ou sur siphon, les grimpeurs sont tapissés d’argile de pied en cap. Ce n’est pas vers le bas qu’on trouvera la suite.
Une autre équipe reviendra en fin de semaine pour tenter des escalades sur des balcons et dans une conduite forcée de 30 m vers la surface (doline au dessus ?).
L’équipe scientifique qui nous a rejoint reste deux jours pour prélever à Tham Waf et Tham Lô les échantillons nécessaires à son étude sur le paléoclimat.
Une équipe engage une sortie de 18 h à Houay Saï Perte pour éviter la logistique d’un bivouac sous terre. Escalade périlleuse de 65 m hélas sans suite.
Grosse journée pour les grimpeurs (euse) qui qualifient leur prouesse de dantesque. (Côte Abo).
Le milieu de la semaine nous met au repos ou à la prospection. Des équipes opiniâtres et résolues s’enfoncent dans la jungle et les tsinguis avec une vitesse de progression royale de 350 à 500 m par heure… une journée de 10 h de marche éreintante auxquelles s’additionnent des transfert en 4×4 sur des pistes embuées de poussière. Les genoux n’en peuvent plus !
Nos relations avec les villageois et ceux des villages alentours se renforcent. Nous participons à une fête à ban Vieng une autre à Ban Louang. Un lao anglophone nous parle de cavités plus loin dans le polje, se ravise, tergiverse. Quelques bières et cigarettes, la traduction efficace de Meing notre cuisinier, en viennent à bout. Nous avons besoin de nouveaux objectifs, ça tombe bien.
Nous serons refoulés le lendemain à Ban Phôm Bôk malheureusement, faute d’autorisation. Pas de problème, on repart à l’aventure au gré du karst à un autre endroit du poljé et rencontrons 3 jeunes Laos qui nous conduirons à l’entrée d’une nouvelle cavité que nous baptisons temporairement Tham Phou Nying (femme en lao). Nous topographions 3,8 km de réseau en 2 jours dans ce nouveau réseau. Nous en sommes à 9000 m de réseau topographié depuis le début de la semaine.
Samedi, une partie de l’équipe s’envole pour la France malgré quelques problèmes administratifs (passeports confisqués : la fédération française de Spéléologie (FFS), le ministère des affaires étrangères et l’ambassade s’occupent de nous) et les 4 speleos restants attendent pour repartir vers ban Nahaïn.
L’équipe GB, la crème de la crème !!!