Khammouane 2013 - K13 du 17 février au 18 mars
Khammouane 2013 - K13 du 17 février au 18 mars
L’année charnière...
K13 a été indiscutablement une expédition “charnière”. La disparition de notre ami Vannivong en mai 2012 nous a contraint à repenser intégralement notre mode d’organisation et de communication avec nos hôtes laotiens. La succession de Vannivong aux commandes de l’organisation logistique de nos expéditions spéléo est assurée par sa fille Vannaphone et son fils Saignasith, qui gèrent les auberges Sala Lao de Savannakhet et Vientiane (Sala Inpeng). La continuité est donc assurée !
Nous avons cependant entrepris de construire un nouveau réseau relationnel à la fois avec les autorités laotiennes et avec plusieurs ONG et entreprises locales. De ce réseau émergent peu à peu différents projets dont nous aurons l’occasion de reparler.
Cette année encore, c’est le grand système de la Nam Dôn souterraine, déjà cible des expéditions de 2011 et 2012, qui a constitué notre objectif principal. Depuis 2011, nous avons ajouté 21 km aux onze kilomètres topographiés par l’équipe entre 1997 et 2006. Nous avons ainsi étendu cette année la partie explorée à plus de 32 km et fait de ce système le plus long du Laos. Mais ce n’est pas notre seul résultat...
Résultats
Semaines 1 et 2 - Système de la Nam Dôn et poljé de Ban Vieng
Dans le grand réseau de Tham Khoun Dôn - Houay Saï (TKDHS), maintenant le plus long du Laos, un accent particulier a été mis cette année sur l'ouest du système, où près de 4 km de galeries, nouvelles pour l'essentiel, ont été explorées. La proximité du cheminement principal avec la ligne de falaises qui borde localement le karst, laissait supposer l'existence d'exutoires latéraux fossiles. Les grottes de la Roche au Miel, porches abritant d'anciennes ruches d'abeilles sauvages, connues puis oubliées des habitants de Ban Na, le village voisin de la cavité, avaient déjà été retrouvées en 2006. Après prospection systématique, une demi-douzaine de nouvelles issues ont été atteintes. Mais ce sont des escalades qui ont permis d'accéder à des développements espérés, mais totalement nouveaux, en direction du grand réseau voisin de Tham Phi Seua, distant de moins de deux kilomètres.
A l'extrême Est du système, nous avions découvert l'an dernier Tham Kaohong, grotte dans laquelle nous avions rejoint l'actif. Cette année, malgré la baisse spectaculaire du niveau de l'eau, nous n'avons que peu progressé. Les siphons étaient toujours amorcés, et leur profondeur, supérieure à 10 mètres, ne laisse d'espoir qu'aux plongeurs de l'équipe.
Plusieurs ressauts, qui n'avaient pu être franchis l'an dernier, faute de matériel, n'ont donné accès qu'à quelques mètres de nouveaux passages. Fin de nos espoirs de jonction ? Pas si vite !
Une nouvelle galerie, inhabituellement étroite pour le Laos, mais ventilée par un fort courant d'air, a été découverte à proximité du terminus amont. Erosion intense et dépôts de sable indiquent qu'elle est parcourue par des écoulement rapides. Elle laisse donc l'espoir de contourner le siphon terminal et de poursuivre la progression en direction des pertes. Faute de temps, elle n'a été explorée que sur une centaine de mètres. L'aller-retour depuis l'entrée de T. Houay Saï demande maintenant plus de sept heures de progression. Nous devrons ajuster nos pratiques pour optimiser nos explorations en 2014.
Un peu partout ailleurs, nous avons poursuivi nos investigations pour mieux comprendre la genèse et le fonctionnement de ce grand système, en particulier en progressant au niveau de l'eau dans les galeries qu'emprunte la rivière pendant la saison humide. Les capteurs mis en place l'année dernière pour entamer l'étude de la climatologie de la cavité ont été complétés cette année par l'installation provisoire d'un capteur de courant d'air, prototype développé par les étudiants de l'Université de Montpellier. En parallèle, les relevés des détecteurs de niveau et les analyses hydrométriques ont été poursuivis.
Pour cela, l’équipe s’est scindée en deux, et une moitié des participants, sous la conduite de Jean-Michel Ostermann a migré jusqu’à Ban Viang, petit village perdu au coeur de l’immense poljé dont sont issues les eaux qui alimentent la Nam Dôn.
La perte de Tham Houay Saï est considérée comme terminée depuis 2001, “aucun passage non noyé ne prolongeant la cavité” (C. Mourte, Spelunca n°84, 2001). Nous y avons effectué une reconnaissance en préparation d’une prochaine expédition, recherchant là aussi des continuations éventuelles via des réseaux fossiles perchés, que les moyens techniques modernes rendent plus facilement accessibles.
Nous avons également repris l'exploration de Tham Lo, vaste cavité indépendante, oubliée depuis 7 ans, dans laquelle la progression s'était arrêtée sur la lèvre d'un large puits ébouleux barrant l'imposante galerie terminale. Le contournement en vire de cet obstacle a nécessité la pose de 160 m de cordes, mais l'effort a été payant, donnant accès à la suite de l'énorme galerie qui file droit vers l'intérieur du massif. Arrêt sur rien, face au vent, par faute de temps. A suivre en 2014.
Semaines 3 et 4 - Nam Hin Boun
En fin de semaine 2, à l'initiative de l'Autorité Touristique Laotienne (ATL), un raid jusqu'à la grande rivière souterraine de la Xé Bang Fai, 100 km plus à l'est, a été improvisé. Après un parcours très éprouvant dans les cahots et la poussière, l'équipe K13 a guidé les responsables provinciaux, en charge des projets de développement touristique, dans des parties encore peu connues de la cavité. La descente sur corde depuis le balcon de Tham Thia (ex Tham Pha Leusi), qui surplombe la Xé Bang Fai souterraine de 50 m, laissera un grand souvenir à tous.
En collaboration avec l’administration laotienne, l’équipe a ensuite investi Tham Kathoung, une grotte récemment découverte par les villageois, près de Ban Nahin. En deux demi-journées, trois kilomètres et demi de galeries ont été explorés et topographiés, dont la moitié en première. Une restitution du travail de topographie et d’exporation a été effectuée devant les autorités de la province. Un article dédié à cette exploration a été publié dans Spéléo Magazine.
Tapis de perles dans Tham Tong Gnom. @ JF Loyon - 2013
Tham Nam Non - Galerie principale © P. Crochet - 2013
Annie Caillault
Sabine Lavanant
Jean-François Loyon Johannes Lundberg
Jean-Michel Ostermann Daniel Pioch
16 participants
Clubs participants
APS
CASC
Club Omnisport de Valbonne
GSM Fontaine
GS Scientifique et Sportif
GS Montpeyroux
SC Montpellier
SC Jura